Retour d'expérience sur les concours
IT et ITRF en BAP D

Damien Cartron, IR BAP D

Plan :

 

L'audition :

Le Topo oral :

bien respecter le temps

Dans la plupart des cas, 10’ sont octroyées au candidat pour présenter son dossier.  Respectez le temps de parole ! La majorité des jurys interrompent le candidat avant 11’. Ne pas oublier, dépasser d’une minute, c’est dépasser de 10% son temps de parole (et de plus ça grève le temps pour les questions).
Par ailleurs, ne pas utiliser ses 10’ (ou en utiliser moins de 9’30’’) fait passer le candidat au mieux pour un candidat qui n’a pas préparé (mais ça ne donne pas un signal hyper positif pour le jury) et au pire pour un candidat qui n’a rien à dire. Autrement dit, collez à vos 10’.
Le non-respect du temps de parole est mieux toléré en CE qu’en CI (où les candidats sont censés connaître les règles). Il n’est pas rare en CE que le candidat n’ait pas compris que le jury allait vraiment l’écouter sans lui poser de question pendant 10’.
Le jury s’attend à ce que les candidats aient préparé leur topo oral et donc qu’il dure entre 9’45’’ et 10’15’’ (on sait qu’avec le stress selon les cas on accélère ou on ralentit sa présentation par rapport à ses entraînement à la maison).
Idéalement prévoir un chrono ou toute autre manière de savoir où on en est dans son épreuve. 

Lire ses notes ?

Il faut bien lire sa convocation à l’oral. Dans celle-ci le jury aura indiqué s’il acceptait que le candidat ait des notes manuscrites (elles peuvent être “tapuscrites”, c’est une manière de s’exprimer) ou pas. Parfois ce n’est pas spécifié. Le mieux dans ce cas est de demander au service concours ce qu’il en est. Lorsque celui-ci fonctionne bien, ce qui est souvent le cas, la demande est transférée au président du jury sans nommer le candidat à l’origine de la question. Si une présentation powerpoint ou pdf est autorisée, cela signifie souvent que le jury tolère les notes.
Dans certain jury les notes sont explicitement interdites. Dans ce cas il faut apprendre son texte par coeur. Mais trop souvent les candidats “récitent” leur texte ce qui le rend compliqué à comprendre pour le jury. Soyez vigilants sur ce point. 
Lorsque les notes sont autorisées, il ne faut pas céder à la tentation d’avoir un texte si écrit qu’on se sente obligé de le lire. Il faut prendre soin à le rédiger tel qu’on l’énoncerait naturellement à l’oral et efforcez-vous de ne jamais le lire. Il suffit de le parcourir de temps en temps pour ne pas perdre le fil de son topo. Il ne faut pas surestimer le jury, si votre topo est trop subtil, en 10’ à l’oral, ça ne passera pas et vous perdrez votre jury.
Une astuce : écrire gros (mes topos de 10’ sont sur 6 pages) et mettre en gras les mots clés de chaque phrase, ainsi on sait immédiatement à quelle phrase de son topo on en est et on n’a pas besoin de la lire.

En mai 2011, le Comité d’Orientation et de suivi m’a confié la responsabilité d’une étude sur les métiers de la BAP D. J’ai pendant 18 mois coordonné 8 IT pour réaliser cette étude qui a notamment mis en évidence à la fois l’hétérogénéité des métiers de cette BAP et la porosité de cette catégorie administrative. Nous avons pointé les carences de la politique scientifique de recrutement des IT de la BAP D et nous avons rédigé un ensemble de préconisations.“

Une autre astuce, pour ne pas oublier de changer de transparent lorsque j’ai le droit au powerpoint j’insère un gros “Transparent” en vert dans mon texte à chaque changement de transparent.

Powerpoint ?

Avoir le droit au powerpoint peut être un plus mais est souvent d’un apport relativement faible si vous n’avez pas des photos ou des documents à montrer. Je conseille néanmoins plutôt d’utiliser ce droit lorsqu’il vous est donné car quasiment tous les candidats le font. Pour un CI avec 20 auditions, il y aura au plus 2 agents qui n’auront pas de powerpoint.
En revanche, il ne faut pas perturber le jury qui enchaîne les auditions avec un powerpoint illisible, compliqué, chargé, etc. Soit vous avez la chance d’avoir des images (par exemple les archéologues ou les géomaticiens) et pendant que vous parlez d’un projet, vous en montrez quelques photos qui l’exemplifient. Soit vous n’avez pas d’illustration, et dans ce cas, soit des schémas hyper clairs, soit un texte qui permet surtout à votre jury de suivre votre plan et votre pensée. Par exemple :
ppt socio W

La ligne du haut (ou un cadre en haut) peut servir pour afficher le plan (en mettant en gras ou en couleur là où on en est).
Certains candidats qui font le choix de présenter des activités variées à l’oral, indiquent avec un camembert (cf. exemple ci-dessous) la part approximative de cette activité dans leur temps de travail (très utile car d’un coup d’oeil le jury sait que le candidat parle de son coeur d’activité ou au contraire d’une activité annexe mais dans laquelle il met en oeuvre des compétences ou connaissances spécifiques).
ppt camember

Dernier conseil : certains candidats préparent des slides supplémentaires pour les questions ; c’est très efficace. Ils ont tendu plusieurs perches au jury sur un projet compliqué (qu’ils n’ont pas pris le temps de développer car ont préféré mettre l’accent sur d’autres points), le jury saisit la perche, et là paf ! un sublime transparent va venir appuyer l’explication ! Attention, cette pratique est de plus en plus souvent interdite dans les jurys (à mon avis par une lecture inutilement restrictive de l'instruction selon laquelle le candidat ne peut pas venir avec des documents complémentaires à l'audition).

Le contenu du topo :

C’est sans aucun doute le plus compliqué. Évitez absolument de lire à voix haute votre topo écrit envoyé à l’étape de l’admissibilité ! Au moins deux membres du jury auront lu votre dossier écrit et en BAP D où il y a peu de candidats, tout le jury a généralement lu tous les dossiers.
CE ITRF attention : le plus souvent les dossiers ne sont pas systématiquement envoyés aux membres du jury et les candidats ont le droit de modifier leur dossier jusqu’à environ trois jours avant le début des auditions. Autrement dit, sauf si le membre du jury est un habitué, qu’il a donc demandé son code secret pour consulter les dossiers des candidats, il les découvre sur table avant les auditions (souvent le jury se réunit un peu avant les auditions pour consulter les dossiers ou les lit juste avant l’audition). Bref, la lecture du dossier est moins approfondie avant l’audition qu’elle ne peut l’être au Cnrs. Néanmoins, j'ai remarqué ces dernières années que j'ai systèmatiquement reçu mes codes de consultation sans avoir à les demander. Le temps pour lire les dossiers reste de trois jours maximum.
En CI les dossiers sont souvent très bien lus.
En CI comme en CE, le jury a souvent préparé des questions en fonction de votre dossier écrit.

Il faut donc à la fois redonner des grandes lignes importantes de votre dossier pour que les membres qui l’ont lu se remémorent tout de suite qui vous êtes, et que ceux qui ne l’ont pas lu comprennent tout de suite qui vous êtes.
Puis, il faut essayer de trouver un autre mode de présentation de son dossier que celui utilisé à l’écrit.
Votre objectif est avant tout de donner un fil conducteur, un sens, à votre parcours professionnel et universitaire. Il faut éviter d’essayer de trop en dire, mais privilégier les informations dont on veut être certain que le jury ait connaissance pour sa délibération. Le jury est humain, si vous débitez comme une mitraillette un propos trop compliqué, il ne retiendra rien de votre topo (hormis que vous ne savez pas faire de présentation orale).

Le temps est très limité (en fait 10’, ça passe très vite quand on parle de soi !). Idéalement, on va essayer de reprendre ses points forts et de convaincre le jury qu’on est fait pour le poste. Les stratégies sont très diverses. On peut faire le choix de développer très précisément un exemple en montrant alors à la fois les compétences et les connaissances mises en œuvre. Dans ce cas, il est primordial de très bien contextualiser son exemple (la taille, les partenaires, la hiérarchie, les utilisateurs, etc.). Comme pour l’écrit, il faut être réaliste dans sa description, ne pas (trop) s’octroyer le travail des autres, savoir dire là où on a échoué ou partiellement réussi ; ce qu’on ferait aujourd’hui autrement. Montrer qu’on a retenu quelque chose de cette expérience. Comme pour l’écrit, on ne s’autoqualifie pas mais on cherche à décrire précisément.
On a normalement le temps de détailler deux exemples à peu près convenablement. En 2 à 3’ on dit en fait pas mal de choses si on a bien réfléchi à ce qui était important ou au contraire accessoire - et donc à ne pas dire - et si on met surtout l’accent sur les compétences requises pour le poste (CE) ou pour le corps (CI) pour lequel on postule.

Quoiqu’il arrive, il faut se présenter dans l’introduction (parcours professionnel et études suivies), et annoncer clairement son plan (ne pas hésiter à être lourd : “dans un premier temps...”). Attention ! On ne cherche pas à faire du style ni à l’écrit, ni à l’oral. Il faut être clair et efficace ; c’est tout ! votre figure d’identification : le présentateur du JT de TF1 (au 20h00 en semaine quand même ;-))

Pour le plan, je déconseille le plan chronologique (d’autant que ça a souvent été le plan de l’écrit) mais plutôt un plan thématique. On n’a aucune raison d’être exhaustif quant à sa carrière dans le topo oral et donc on peut très bien faire le choix de quelques thématiques. Par exemple :
“Je présenterai ma participation à la mission de recherche sous 4 angles:
-      Ma participation proprement dite au travail de recherche
-      La valorisation de ces travaux
-      Ma participation à l’animation de la recherche
-      Et enfin ma participation à des coopérations techniques”
Les parties peuvent être relativement inégales, mais idéalement on essaie de donner un exemple (même court) pour chaque partie. On peut essayer “d’attraper” le jury en lui tendant des perches (qu’il pourra ou pas saisir ; c’est un risque). On utilise alors des formes interrogatives (auxquelles on ne répond pas), ou donne rapidement un résultat qui pourra sembler paradoxal ou surprenant en espérant que le jury demande à en savoir plus. Deux avantages : 1/ on a préparé son topo et ça va permettre d’avoir l’air intelligent à peu de frais et 2/ cette longue et intéressante démonstration sort des 10’ du topo.
Il faut, comme pour l’écrit, être précis et efficace, donner le maximum d’informations qui permettent au jury de bien contextualiser votre travail. L’oral permet par ailleurs, notamment par le ton, de bien guider le jury sur ce qui est important plutôt que  secondaire, sur ce qui fait votre spécificité, vos points forts. On peut tenter de devancer les critiques lorsque l’on connaît ses points faibles : dans ce cas essayer de montrer qu’on n’est pas si faible que ça sur ce point en particulier et surtout comment on compte s’améliorer (tout en étant réaliste).
En concours interne, certains candidats parviennent à donner un sens général à leur carrière autour de deux à quatre thématiques fortes (un peu comme le font les chercheurs dans leur HDR). Si vous y parvenez, c’est une manière extrêmement convaincante de présenter sa carrière.

La conclusion est souvent difficile à réaliser. Les membres du jury sont souvent sensibles à un dévoilement du candidat qui est capable de dire en une phrase ce qui fait l’intérêt de son métier (en CI) ou ce qui lui donne vraiment envie d’avoir le poste et de travailler dans l’organisme dans lequel il postule en CE. En CI, il faut nécessairement parler des projets que l’on a dans les années à venir, et idéalement avoir une vraie vision de ce qu’on souhaite faire sur plusieurs années (qui ne se limite pas à terminer le projet 3, publier un article trop bien quand j’aurai fini mon terrain, ou “être ingénieur de recherche” comme seul projet de vie ; ça angoisse inutilement le jury !).

Petits conseils :

  1. il faut à mon avis rédiger intégralement son topo mot à mot afin d’une part d’être capable de mesurer la durée de sa présentation de manière précise, et d’autre part de ne pas dire un mot pour un autre lors de l’audition (vous n’avez que dix minutes pour convaincre, inutile de bredouiller ou d’utiliser des termes impropres ou imprécis en raison du stress et de la fatigue).
  2. Le topo, c’est beaucoup de rhétorique, ou a minima, de compétences dans la manière d’exprimer simplement et en 10’ plusieurs années (voire dizaine d’années) de carrière. Il peut être intéressant d’aller à des colloques et séminaires dans des thèmes qui ne vous intéressent pas directement dans votre travail (pour ne pas gâcher l’écoute) et de ne vous concentrer que sur les procédés rhétoriques utilisés par celui qui présente en vous demandant à chaque fois si cela vous convainc ou pas, et pourquoi… vous améliorez ainsi vos manières de vous présenter.

Attitude générale

C’est très décevant à admettre pour un membre régulier des jurys de concours, mais il y a une prime à la sympathie. Le jury recrute ou promeut un collègue et bizarrement, il a toujours tendance à trouver les candidats souriants, aimables, francs, etc. plus qualifiés que les bougons qui regardent leurs pieds durant tout l’oral et qui répondent par onomatopées.
Il ne sert à rien d’être obséquieux ou flagorneur vis-à-vis du jury, il faut le voir comme des (futurs pour le CE) collègues qui sont pour cette occasion particulière chargés de vous évaluer. Il faut donc s’adresser à lui comme on s’adresse (normalement) à des collègues, avec franchise et une certaine spontanéité (ce qui est bien entendu difficile dans la situation) tout en conservant respect et distance minimale (bref, un numéro d’équilibriste). Un exemple, à une candidate très compétente, efficace, avec un super cv, et la meilleure note à l’épreuve écrite, un membre du jury lui dit “vous étiez jusqu’à présent sur des postes d’IE et vous avez les compétences d’une IE. Vous postulez aujourd’hui sur un poste d’AI ; comment pensez-vous le gérer ?”. Et la candidate a exprimé extrêmement clairement tant par son attitude physique que par ses propos qu’elle avait été extrêmement déçue de constater que le poste avait été ouvert en AI, qu’elle aurait bien entendu 1000 fois préférée postuler sur un poste d’IE, mais qu’elle avait bien réfléchi, qu’elle avait pesé le pour et le contre, et que la chance d’entrer dans ce laboratoire et au Cnrs était telle qu’elle acceptait le retard de carrière que cela aller entraîner. Elle a été recruté et sa franchise a pesé en sa faveur lors des délibérations. Elle n’a pas feint de dire qu’AI, IE, pour elle c’était bonnet blanc et blanc bonnet.

Il ne faut en aucun cas prendre le jury de haut (ce qu’on voit rarement il faut le reconnaître). Néanmoins, il faut savoir entendre ses remarques ou ses critiques qui peuvent être sous-jacentes à une question pour les désamorcer. Il ne faut alors pas s’arcbouter sur une position, mais montrer et expliquer pourquoi on a fait ainsi, qu’elles étaient les contraintes qui vous étaient imposées, et en quoi vous le feriez différemment si vous aviez à le refaire (sauf bien sûr si vous pensez que vous aviez raison). Quoi qu'il arrive, ne pas se fermer (par exemple en pensant “quel con !” ; ça se lit sur votre visage), mais essayer d’entendre et de répondre au mieux. Très souvent, le jury entend et comprend votre réponse et peut être convaincu du fait que vous avez fait le meilleur choix possible compte tenu de vos contraintes. Et non seulement la critique est désamorcée mais vous avez gagné des points.
Lorsqu’on vous pose une question, il faut toujours essayer de comprendre pourquoi le jury vous pose cette question pour répondre à son attente (les questions des membres du jury sont souvent assez mal formulées car on ne veut pas suggérer la réponse  ; qu’on ait un avis sur la “bonne réponse” ou pas d’ailleurs). Il ne faut pas devenir paranoïaque pour autant et considérer que toutes les questions sont des critiques. Il est par exemple fréquent qu’on demande à un candidat “pourquoi avez-vous choisi le logiciel truc ?”. Cela ne veut pas dire que le membre du jury préfère le logiciel “machin” (même si c’est parfois le cas), mais surtout qu’on veut savoir quelle méthode vous avez mise en œuvre pour le choisir, quelle réflexion vous avez eu, quelles raisons vous ont fait faire ce choix.
Lorsqu’on n’a pas la réponse à une question, il ne faut pas hésiter à le dire. Si c’est une question factuelle (“que pensez-vous du logiciel truc ?”) et que vous ne connaissez pas le logiciel, dites-le simplement et immédiatement, vous gagnez du temps. Si c’est une question plus de fond “que pensez-vous de l’évolution de l’ESR ces 15 dernières années ?”, vous avez intérêt à avoir une réponse nuancée en rappelant les intentions du gouvernement ou du Ministère, la mise en œuvre, et les critiques qui ont été adressées par une partie du personnel et ses représentants , tout en concluant que dans votre cas vous avez du mal à démêler si au total c’est bénéfique ou pas pour vous (idéalement en donnant des exemples de répercussions positives et négatives). Si vous n’avez aucun avis vous n’êtes pas au niveau, si vous avez une réponse trop tranchée vous pouvez déplaire et vous ne passez pas quoiqu’il en soit pour quelqu’un de réfléchi. Dès que c’est une question de fond, il ne faut pas dire immédiatement “je ne sais pas” mais retraduire la question, poser les enjeux du problème, et in fine, si vous ne savez pas, il faut tout simplement le dire.

Enfin, concernant les vêtements, inutile d’arriver en costume cravate si vous postulez en BAP D (sauf si vous travaillez tous les jours ainsi), le jury risque d’être moins bien habillé que vous (pour les autres BAP je ne sais pas). L’idéal est de s’habiller au mieux de ce qu’on s’habille habituellement pour aller travailler (par exemple les mêmes vêtements que vous auriez choisi pour aller parler à un colloque un peu haut de gamme).

Comment se passe concrètement l’audition ?

Vous êtes convoqué à un horaire précis (du genre 9h40), c’est normalement l’heure à laquelle vous devez passer, et souvent les jurys ont peu de retard car ils doivent respecter strictement la règle des 30’. Si vous êtes en retard, le jury n’est pas tenu d’accepter de vous auditionner (c’est à sa discrétion). Autrement dit, soyez à l’heure !
Normalement, le service concours convoque le matin et le soir les candidats proches du lieu d’audition et en milieu de journée ceux loin pour permettre l’aller-retour dans la journée.
ITRF : en raison de la disjonction des phases d’admissibilité et d’admission mal comprise des candidats, beaucoup candidatent sur tous les concours de leur emploi-type et au final, constatant qu’ils sont admissibles à tous les concours (logique puisque l’admissibilité statue sur la possibilité de concourir à n’importe quel concours de l’emploi-type), les candidats ne viennent finalement qu’à une partie des concours où ils sont admissibles. Conscients de ce problème, les services concours convoquent souvent tous les candidats à un seul horaire le matin, et un autre l’après-midi. Si c’est le cas, le jury suit un ordre d’appel des candidats que vous ne connaissez pas. Ne prévoyez pas de prendre un train deux heures après l’audition. Vous pouvez toujours demander au service concours si votre horaire de convocation est individuel ou partagé (parfois seuls deux ou trois candidats partagent le même horaire). Là encore, pas de règle, c’est au choix du jury. Et si vous êtes candidats qui sait ne pas aller à certaines des auditions prévenez le service concours ça rend la vie plus simple à tout le monde.

Une fois appelé à rentrer dans la salle, vous allez devoir montrer votre convocation et une pièce d’identité (préparez les deux). Si un PowerPoint est prévu, un membre du jury va sans doute vous demander tout de suite votre clé usb pour gagner du temps (c’est lui qui va alors gérer la clé usb, évitez donc vos photos de vacances à la racine de la clé ! comme toujours, c’est du vécu !).
Vous allez alors vous installer à une table, chaise face au jury. Normalement vous aurez un verre d’eau et une bouteille.
Il arrive que le jury se présente ce qui permet au candidat de se poser un peu avant de commencer, mais parfois on lui demande de parler dès qu’il est prêt. Il faut profiter de ce moment pour reprendre votre calme, vous concentrer ; ne vous lancez qu’une fois que vous êtes vraiment prêt, c’est à ce moment que le jury lance son chrono pour la durée totale de l’épreuve (souvent 30’).

Il faut savoir, qu’en plus d’être interrompu au bout de 10’ pour votre présentation, vous serez sans doute interrompu (ou pressé pour terminer votre réponse en une phrase) à 30’. En effet, par respect de l’équité entre les candidats, les jurys ont des consignes très strictes de respect des temps totaux d’audition. C’est frustrant de ne pas terminer sa réponse, mais il ne faut pas en prendre ombrage.

L’organisation de l’audition est comme toujours à la discrétion du jury. Il est donc tout à fait possible qu’un seul membre vous interroge (rare), ou seulement deux membres (les deux rapporteurs de votre dossier), ou encore les deux rapporteurs puis le président du jury. Parfois, le représentant des instances d’évaluation et le représentant de la filière RH (qui sont membres de droit du jury mais souvent un peu éloignés des compétences techniques des candidats) posent chacun une question à la fin… Ce qui est important, c’est de ne pas être déstabilisé car une partie du jury ne vous pose pas de question ; il ne faut pas y voir du mépris ou un désintérêt pour votre présentation, simplement une forme d’organisation du jury qui cherche à maximiser son efficacité dans le temps court qui lui est alloué pour recruter un agent pour 40 ans ! Il faut savoir que souvent le jury discute à l’avance des questions qu’il va poser au candidat et donc que ces questions font l’objet d’un accord, y compris des membres silencieux. Parfois le jury fait le choix d’avoir des questions un peu standard qu’il va poser à tous les candidats.

Selon l’organisation du jury, le jury débriefe après chaque candidat, ou après une série (par exemple tous les 5 candidats). Il y a normalement toujours des discussions intermédiaires pour s’assurer que les membres du jury sont d’accord sur leurs critères d’appréciation.

 

Les questions-réponses

C’est sans doute dans les questions réponses, notamment en CI où on sait que les candidats sont parfois beaucoup aidés par leurs collègues pour le dossier écrit et le topo oral, que l’on gagne, ou que l’on perd, beaucoup de points.

Répondre précisément MAIS brièvement !

En IT vous avez 12 à 20’ de questions selon le corps, en CE ITRF, de 20 à 35’.
Lorsqu’on est en IT, il faut prendre soin à maximiser le nombre de questions que l’on va avoir. Pour le dire clairement, le plus souvent, le gain marginal à répondre longuement à une question est moindre que celui de répondre à une question supplémentaire.
Il faut donc essayer de répondre à toutes les questions en 1 à 2’. Dépasser les 2’ doit rester exceptionnel. Ainsi, vous aurez une grosse dizaine de questions (le jury peut mettre du temps à poser ses questions mal formulées et à se passer la parole).
Il est très rare qu’on puisse répondre convenablement à une question en moins d’une minute (sauf bien sûr si c’est une question purement factuelle). Idéalement on répond toujours en deux ou trois points même en une seule phrase.
Par exemple si on me pose la question “quel est l’intérêt de travailler avec les entreprises ?” je peux répondre

“1/ Travailler avec des entreprises permet d’avoir un accès cohérent au terrain. En passant par l’entreprise, j’ai accès à toute la chaine de l’organisation du travail, à l’encadrement intermédiaire et aux directeurs etc. + Si j’ai accès aux bases de données internes à l’entreprise, je peux faire un choix raisonné des salariés à interroger.
2/ En revanche, j’ai l’inconvénient d’arriver par la hiérarchie. La confiance avec les salariés est plus difficile à établir que ceux que l’on interroge « au hasard » et souvent la hiérarchie tente d’interférer dans le choix des salariés”.

La réponse est brève, mais en deux temps. Je réponds à la question mais en même temps, je prends de la hauteur et j’ajoute les limites de la méthode.

Ce qui est primordial c’est de toujours argumenter. Il faut admettre que le plus souvent le jury se moque de votre réponse (savoir pourquoi vous utilisez SAS plutôt que SPSS l’indiffère, il a probablement fait son choix depuis des années entre les deux logiciels), en revanche, votre capacité à expliquer pourquoi vous avez choisi l’un plus que l’autre, dans quel contexte, avec quels avantages et quelles contraintes, là vous marquez des points.
Par exemple, si on me demande : “Pourquoi n’avez-vous postulé qu’à ce poste” et que je réponds “parce que seul ce poste correspond à ce que je veux faire” je n’ai donné aucune information intéressante au jury. En revanche, si je dis “ce qui m’intéresse dans le poste x c’est la possibilité de…, les liens avec…, le contexte du laboratoire parce que…” alors, j’argumente et je donne des informations au jury tant sur ma manière de prendre des décisions (j’ai bien lu les différentes annonces et j’ai fait le choix de ne pas postuler à des postes que je ne souhaite pas occuper) que sur ce qui m’intéresse dans le poste (ce qui peut convaincre le jury).

Il ne faut pas hésiter à prendre un peu de temps (quelques secondes) avant de répondre à la question posée afin d’être certain de savoir où on veut en venir lorsqu’on commence à répondre (trop souvent les candidats décident de leur chute au fur et à mesure de leur réponse !). Une technique simple pour éviter le long silence : prendre en note les questions du jury car en fait vous écrivez surtout les points que vous voulez traiter dans votre réponse ; et vous avez une bonne raison de faire attendre votre réponse : vous notez la question !

 

Détail : attention aux tics de langage du type “excellente question” avant de répondre à une question ; dans le meilleur des cas vous vous attirerez les rires spontanés du jury, dans le pire, une impression que vous n’avez pas compris quelle était votre place ni celle du jury.

Préparer les questions

L’illusion la plus standard est que l’on ne peut pas préparer les questions - réponses. Tout d’abord, comme déjà évoqué, on peut intelligemment susciter des questions dans son topo écrit et oral.
Ensuite, les questions des membres du jury sont à peu près toujours les mêmes et dans les faits très prévisibles (plus les questions standards du point suivant). Sur chacune des activités que vous avez évoquées dans votre topo écrit, votre cv, ou votre topo oral, le jury peut vous demander grosso modo :

  1. Pourquoi vous avez fait ça ? ⇒ et donc il veut connaître votre problématique (scientifique ou les termes du problème que vous cherchiez à résoudre mais aussi avec qui vous vous êtes posé cette question)
  2. Comment avez-vous fait ça ? ⇒ et donc le jury veut savoir les moyens que vous avez mis en œuvre, la part que vous avez eu personnellement, celle de votre chef, de vos subordonnés ou de vos collègues. ce que vous avez fait seul et en autonomie, ce que vous avez fait en collaboration, ce que vous avez fait en exécution. N’hésitez pas à critiquer votre méthode ou à dire en quoi aujourd’hui, instruit de votre expérience, vous feriez mieux.
  3. à quoi ça a servi ? Quel est le résultat ? ⇒ et le jury veut voir si vous avez connaissance des résultats de ce à quoi vous avez participé ; de ce que vous en avez retenu. Vous pouvez là encore critiquer vos résultats, ou dire très brièvement quelle étude ou recherche vous avez fait ensuite pour approfondir les résultats que vous venez d’exposer.

Il faut bien tenir compte que n’importe quel point du dossier peut être ainsi interrogé. A quoi vous a servi la formation truc ? Qu’avez-vous retenu de votre Master machin ? si vous deviez refaire la manip que vous avez faite en 1998 la referiez-vous pareil ?
Cela veut dire, notamment pour les CI, qu’il faut préparer en relisant ses anciens travaux et en se remémorant ce qu’on a fait il y a longtemps car le jury qui découvre votre vie en un seul bloc ne tient que rarement compte du fait qu’il est difficile de rappeler les résultats d’un article écrit il y a 10 ans ! La question “pourriez-vous me résumer les principaux résultats de votre thèse en 2 à 4 points ?” fait par exemple des ravages : la plupart des candidats ont soit le nez dans le guidon lorsqu’ils viennent de la soutenir (et ne peuvent donner que les 250 principaux résultats), soit la thèse date un peu et le candidat énonce des banalités telles qu’on se demande comment il a eu sa Licence !
La solution ? elle est facile mais fastidieuse. Surligner dans son dossier, dans son PowerPoint, dans son topo oral et dans son cv, tous les points qui peuvent faire l’objet d’une ou plusieurs questions. Tenter d’imaginer les questions et chercher à minima à toujours répondre au triptyque “Pourquoi / comment / résultat ?”. Faites-le dans un document Word uniquement en style télégraphique en répondant toujours en 2 à 4, au pire 5 points. Cela oblige souvent pour le faire à relire des articles, à simplifier des résultats pour qu’ils soient compréhensibles en deux minutes par tous, à se remémorer les enjeux d’une recherche. Cela prend donc du temps et pour les candidats au CI avec un peu d’expérience, cela peut être chronophage. Néanmoins, ça n’est pas grave car c’est souvent la partie de la préparation du concours qui vous sera le plus utile dans votre carrière professionnelle car ça vous oblige à prendre du recul. D’ailleurs, mon conseil est de rédiger ses questions réponses en parallèle du topo oral (car au fur et à mesure, on prend du recul sur son activité, voire on finit par tirer un fil directeur dans sa carrière qui semblait pourtant décousue jusque-là).

Une fois à l’oral, vous vous rendrez compte que d’une part, si vous avez fait l’exercice sérieusement, vous avez anticipé la plupart des questions. Et ensuite, que même si les questions ne sont pas exactement celles anticipées, en entendant la question vous allez vous dire “c’est le point 3 de ma question 7, le point 1 de ma question 33 et le point 1 de ma question 754, et vous répondez en trois temps. Inutile de dire que si vous commencez votre réponse par “je vais vous répondre en trois points”, et qu’il y a effectivement 3 points dans votre réponse, vous marquez des points.
Quoiqu’il en soit, vous aurez une agilité à répondre (car vous vous serez entraîné à répondre à plein de questions que vous vous serez vous même posées), et vous serez très à l’aise car vous aurez votre carrière et vos travaux bien en tête.
Concernant les recherches, idéalement on a des topos un peu standards et bien calibrés qu’on peut ressortir assez facilement quelle que soit la question sur le travail concerné.

Les questions standards

Certains membres du jury font le choix de poser des questions standards à tous les candidats (les mêmes questions ou proches). C’est surtout le cas des membres de la filière RH et parfois des élus C ; leur rôle n’étant pas le même que celui des experts ou du président du jury.
C’est en BAP D assez rare et souvent d’un apport marginal lors de la délibération (mais comme toujours ça peut être le détail qui fait la différence dans un sens comme dans l’autre).
Les questions sont grosso modo de 4 ordres :

  1. Connaissance de ses points forts et de ses points faibles
  2. Connaissance par le candidat de procédures standards notamment dans ses rapports à la hiérarchie.
  3. Connaissance par le candidat de l’organisme ou du labo dans lequel il postule ou il travaille
  4. Connaissance par le candidat de l’ESR en général et de ses évolutions récentes (ce qu’il y a de bien dans l’ESR, c’est qu’il y a des évolutions tous les ans !)

Il n’y a que rarement une seule bonne réponse aux questions standards, mais c’est pas mal d’y avoir pensé un peu avant.
Personnellement je déteste les questions standards, donc j’ai assez peu d’exemples, mais en voici quelques-unes que j’ai retenues 

  1. Connaissance de ses points forts et de ses points faibles ; cohérence de la carrière
    • comment pensez-vous vous mettre à niveau en ??
    • Quels sont vos points forts ou faibles pour le poste
    • Pensez-vous que vous aurez besoin d’une formation spécifique pour tenir le poste ? si oui laquelle et pourquoi ?
    • Pourquoi avez-vous une thèse ? Pourquoi ne postulez-vous pas chercheur ?
  2. Connaissance par le candidat de procédures standards notamment dans ses rapports à la hiérarchie.
    • deux chercheurs vous demandent en même temps un travail urgent et il est impossible de réaliser les deux dans les délais ; comment faites-vous ?
    • Le DU exige que vous changiez la cartouche Magenta de son imprimante d’urgence alors qu’un virus se propage rapidement sur le réseau du laboratoire, comment faites-vous ? [même si je ne veux pas influencer vos réponses c’est quand même un des rares cas où on peut répondre en concours “au c*** l’DU !” ; ça peut faire du bien vers la vingt-cinquième minute d’audition ;-)]
  3. Connaissance par le candidat de l’organisme ou du labo dans lequel il postule
    • Pouvez-vous me citer les équipes ou les axes de recherche du labo dans lequel vous postulez (ou travaillez ; j’ai déjà vu un cas de candidate incapable de donner les noms des autres équipes que la sienne !)
    • Comment décririez-vous au niveau socio-démographique votre équipe (je l’ai eue en concours interne) ; le jury voulait en fait vérifier que je ne travaillais pas seul avec un chercheur.
    • Combien y a-t-il d’agents / de chercheurs / d’IT / d’IT de la BAP D / d’hommes / de c***... etc dans l’université ou l’EPST dans lequel vous postulez. Pour le Cnrs, on ne peut que recommander l’excellente lecture du bilan social du Cnrs (http://bilansocial.dsi.cnrs.fr/)
  4. Connaissance par le candidat de l’ESR en général et de ses évolutions récentes

    Pouvez-vous nous expliquer rapidement les évolutions majeures dans l’ESR depuis xxx (et on prend une date au hasard). Là, la question est en fait tellement compliquée que personne n’a vraiment la réponse. Il faut donner les mots clés du type ANR, HCERES , LRU, COMUE et bien sûr… excellent sous toutes ses déclinaisons (LabEX, equipEX, etc.). Évidemment pour chacun de ces mots clés vous risquez une demande de précision mais comme c’est incompréhensible y compris pour les membres du jury, jamais une dissertation !

 

Les mini-jury

Une fois que vous avez un bon projet de topo, un projet de PowerPoint et préparé pas mal de questions, l’idéal est de demander à des collègues de vous faire passer des mini-jury. La forme la plus efficace est sans doute de le faire avec des mini-jury de deux personnes tous les un ou deux jours (pour avoir le temps de modifier en fonction des remarques). Idéalement, vous envoyez votre dossier écrit avant à votre jury pour qu’il puisse en prendre connaissance et préparer quelques questions. Idéalement toujours, vous faites votre topo en 10’ et vous enchainez sur 20’ (ou parfois moins quand le jury n’est habitué des vrais jury), puis sur un débriefe.
Idéalement toujours, variez les points de vue en prenant des personnes différentes (haut fonctionnaire, chercheur, IT de votre métier, IT de métier un peu éloigné, doctorants, etc.). Les seuls qu’il faut éviter : les salariés du privé et plus encore des RH du privé car les méthodes de recrutement sont très différentes et ils peuvent vous aiguiller dans de mauvaises directions.
Il faut prendre garde à bien écouter et entendre ce que vos collègues essaient de vous dire durant ces auditions blanches. Les candidats ont souvent le secret espoir de recueillir les chaudes félicitations du jury (blanc) alors qu’ils essuient toujours (d’expérience) critiques et conseils ! C’est normal, vous demandez à des collègues comment améliorer votre présentation, ils ont un regard extérieur, ils ont un avis ! Ils perdent du temps à vous aider, prenez du temps pour les écouter (on voit trop souvent le candidat couper la parole du collègue qui fait une remarque pour tout de suite donner une précision, une réponse complémentaire, et au final, faire comprendre que c’est l’autre qui n’a pas compris). Écoutez vraiment, prenez des notes sur les remarques et réfléchissez-y.
Ensuite, l’idéal est de ne plus demander de conseil la semaine avant l’oral, et de seul, en son âme et conscience, faire le tri entre toutes les remarques et critiques, tous les conseils pour choisir ce que vous voulez défendre dans votre concours. C’est votre oral, votre carrière, votre dossier, il faut que ça soit vos choix pour que vous soyez à l’aise et que ce soit bien de vous dont on parle au jury (et donc que le jury vous sente à l’aise et franc). C’est avec le recul que vous allez décider si la remarque du collègue X est effectivement une ânerie ou si au contraire il a mis le doigt sur LE problème autour duquel tous les autres ont tourné sans jamais savoir le nommer ! Personnellement pour chacun de mes passages IR, un de mes collègues (pas le même les deux fois) a mis le doigt sur ce qui était problématique dans mon dossier et que je ne m’étais pas formulé (la première fois je n’en ai pas tenu compte ; la seconde fois si ! ; les deux fois le jury m'a questionné sur ces points).

L'épreuve Technique La délibération

dernière mise à jour : 05/07/2022